Nous sommes entrés dans le temps de l’Avent, nous sommes invités à nous préparer à célébrer la naissance du Christ. Le temps de l’Avent est aussi l’invitation à raviver en nous le désir de la venue glorieuse du Seigneur comme nous le proclamons dans le Credo : « Il est assis à la droite de Dieu le Père tout puissant d’où il viendra juger les vivants et les morts. »

Dans la liturgie de la messe, ces derniers jours, pour nous préparer au temps de l’Avent, nous avons lu ce que l’on appelle

Les discours eschatologiques,

qui nous parlent à la fois de la mort et de la résurrection du Christ, mais aussi de la fin des temps, de la venue glorieuse du Christ et du combat qui se déroule dans le monde, depuis la première venue du Seigneur que nous célébrons à Noël et de la seconde venue que nous attendons. On parle de guerre, de troubles, de catastrophes qui ont de quoi inquiéter.
Le but de ces discours n’est pas de nous faire peur mais de nous réveiller.
Se dégage de ces textes, des éléments fondamentaux qu’il est bon de méditer en ce temps de l’Avent.

La figure du monde passe.

L’Ecriture, d’une certaine manière, nous met en garde et veut nous ramener à ce qui est essentiel. La splendeur de nos édifices, de nos constructions, de nos organisations n’est pas immortelle. Que reste-t-il des civilisations brillantes qui nous ont précédées ? Que restera-t-il de nos structures et nos techniques ? Un jour, tout cela disparaîtra. Tout ce qui n’est pas vérité et charité passera et disparaîtra.

Ne nous laissons pas égarer.

Dans l’atmosphère actuelle de troubles et de guerres, certains parlent de fin du monde. Dans un monde traversé de violence, de catastrophes, nous sommes invités à être lucides : « Prenez garde de ne pas vous laissez égarer. » (Luc 21, 8) Apparaissent toujours de faux prophètes, toujours prêts à s’arroger des titres et des pouvoirs qui ne leur reviennent pas. Les chrétiens sont appelés à résister aux flatteries des imposteurs et ils sont nombreux. Jésus nous demande de ne pas marcher à leur suite. Il ne s’agit pas de suivre les prophètes de malheur ou de brillance mais de suivre Jésus, qui lui, prend un chemin d’humilité et de service.

Ne pas se détourner des persécutions.

Jésus annonce à ses disciples des persécutions. Elles sont naturelles à la vie de l’Eglise. Le serviteur n’est pas au-dessus de son maître. Elles sont le lieu du témoignage. Voici ce qu’en dit le Concile Vatican II : « Jésus le fils de Dieu, ayant manifesté sa charité en donnant sa vie pour nous, personne ne peut aimer davantage qu’en donnant sa vie pour lui et pour ses frères. (cf 1 Jn 3,16 ; Jn 15,13). Ace témoignage suprême d’amour rendu devant tous et surtout devant les persécuteurs, depuis la première heure, quelques-uns parmi les chrétiens ont été appelés et d’autres y seront appelés sans cesse. C’est pourquoi le martyre […] est considéré par l’Eglise comme une grâce éminente et la preuve suprême de la charité. Que si cela n’est donné qu’à un petit nombre, tous cependant doivent être prêts à confesser le Christ devant les hommes et à le suivre sur le chemin de la croix, à travers les persécutions qui ne manquent jamais à l’Eglise. » (Lumen Gentium, n°42)

Persévérance et confiance.

Dans ce contexte de troubles qui est de tous temps, nous devons éviter deux écueils : l’insouciance et le dilettantisme, ce que nous propose la société de consommation, de distraction et de jeu, qui nous rend aveugle et indifférent à la souffrance des pauvres et des exclus. Eviter la peur panique ou la désespérance présentes aujourd’hui. Saint Paul nous dit : « Il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. » (1 Th 4,13) Jésus nous invite à tenir bon dans la persévérance et la confiance. « Je vous donnerai un avenir et une espérance. », dit l’Ecriture. « Courage ! Moi, je suis vainqueur du monde. » (Jean 16,33).
Bon temps de l’Avent. Bonnes fêtes de Noël à tous.

✠ Yves Le Saux
Evêque du Mans