Avril 2022 – Lettre de Mgr Le Saux pour le temps de Pâques

Frères et sœurs, chers amis au milieu desquels nous vivons dans la Sarthe,

Chaque année, la communauté chrétienne se rassemble pour célébrer la fête de Pâques et faire mémoire de la mort et de la résurrection du Christ. C’est le cœur de notre foi et la source de notre espérance inaltérable.

Réuni autour de moi, le conseil diocésain de pastorale et d’évangélisation, réfléchissait récemment sur les raisons d’espérer qui habitent notre cœur.

La Création tout d’abord, œuvre de Dieu au service de laquelle il a placé l’être humain, tout comme l’engagement de très nombreuses personnes à travers le monde au service de l’écologie et de l’entretien de notre « maison commune » sont ferments d’espérance pour les années qui viennent.

L’engagement d’innombrables associations dans les actions de solidarité, d’accompagnement des plus démunis, d’accueil des migrants quelle que soit leur origine, est un signe de fraternité indéniable.

Les visites récentes que j’ai pu faire dans les quartiers sud du Mans, d’Allonnes, d’Arnage et de Changé, m’ont donné de rencontrer des groupes engagés au quotidien, au plus près des besoins et soucieux d’apporter leur pierre à l’édification d’un monde fraternel.

C’est pour nous une réelle source d’espérance, car je sais, avec mes frères chrétiens que la fraternité universelle trouve sa source en Dieu « de qui toute paternité au ciel et sur la terre tient son nom. » (Éphésiens 3,15)

La parabole du bon Samaritain que l’on trouve dans l’Évangile de Luc invite toute personne de bonne volonté à s’approcher, à se faire « le prochain » de tous les blessés de la vie, en reconnaissant en chacun, quel qu’il soit, le frère ou la sœur créé(e) à l’image de Dieu.

Nous vivons une période difficile et les épreuves successives qui semblent s’acharner sur l’humanité provoquent en nous et particulièrement chez les plus jeunes  une anxiété grandissante.

La surmédiatisation et la frénésie des réseaux sociaux, censés servir une meilleure information et une plus grande connexion entre les peuples, provoque une déconnexion du réel et une évasion dans le virtuel dont les ravages ne font que commencer…

Dans les cérémonies de Pâques, nous avons célébré la victoire de l’amour sur la haine et de la vie sur la mort.

La mort du Christ en croix, « scandale pour les juifs, folie pour les nations païennes » (1 Corinthiens 1, 23) est le cœur de notre espérance, comme nous le rappelle le bienheureux Basile Moreau, fondateur sarthois de la congrégation de Sainte Croix, dans sa devise : « Salut Ô Croix, notre unique espérance. »

Sa résurrection au matin de Pâques, preuve que la mort qui fait peur et pose question à tant de nos contemporains, n’est pas le dernier mot de la vie, est la réponse du Père à celui qui « n’a pas honte d’appeler les hommes ses frères » (Hébreux 2, 11)

Loin de nous l’envie de donner des leçons. Nous sommes trop conscients de nos propres limites, mais comme le disait Bernadette de Lourdes à son curé : « je ne suis pas chargée de vous le faire croire mais de vous le dire. »

Suite aux  élections présidentielles, nous souhaitons participer avec vous tous à la nécessaire réflexion commune qui nous permettra de trouver ensemble les mots et les attitudes qui restaureront l’espérance des générations montantes.

Nous avons constaté que partout où nos églises sont restées ouvertes pendant la période de pandémie elles ont été fréquentées par de très nombreuses personnes. Sachez qu’elles restent ouvertes…

Cette année la fête de Pâques tombait le même jour que la fête de Pessah au cours de laquelle nos frères juifs, célèbrent le passage de l’esclavage à la liberté. Pendant ce temps nos frères musulmans continuaient de vivre le Ramadan. Des millions de croyants, à travers le monde entier, se sont tournés simultanément vers Dieu avec confiance. N’est-ce pas une raison d’espérer dans un monde où la violence semble prendre le dessus ?

Ne nous laissons pas voler l’espérance.

+ Yves le Saux, Evêque du Mans et le conseil d’évangélisation