De la part d’un de nos prêtres aînés

Une réflexion du père Jean Bregeon, aumônier du mouvement chrétien des retraités de Sarthe (MCR).

«  Il y eut un soir, Il y eut un matin…» Gn 1

Bien malin qui aurait pu imaginer ou envisager le chemin que notre humanité allait traverser aujourd’hui. Au fur et à mesure que les journées s’égrainent, malgré les commentaires de chacun, chacune, des prévisions sûrement raisonnables, l’évènement invite à beaucoup de prudence et à accepter de ne pas savoir : 

Jusqu’où ? … Jusqu’à quand ?…

En de nombreux domaines, les compteurs sont remis à zéro. Nous pensions faire partie d’un monde que nous connaissions. Or, chaque journée apporte de nouvelles interrogations…

Il est difficile d’imaginer, de réaliser, combien « l’ennemi » invisible, vient remettre en cause l’organisation globale dans laquelle les peuples se réalisaient : économie, industrie, santé… tous les domaines qui permettent à l’humanité de se nourrir, de se protéger… Chaque être humain est indispensable au fonctionnement de la vie, là où il se trouve et quelle que soit sa position au sein de la société. Nous sommes dépendants les uns des autres et, en même temps, tous mis au pied du mur ! L’homme, cet apprenti sorcier, pensait dominer la terre; il se trouve à nouveau contraint à partager son savoir pour tenter d’endiguer les méfaits du virus. 

Dans nos familles, nous savons que nous sommes de passage. Nombreux sont les évènements qui viennent faire basculer la vie, l’amour… La mort peut arrêter à tout instant notre chemin sur terre et nous ouvrir à la VIE. 

Dans la Foi, nous avons la grâce suprême de laisser résonner en nous ces paroles du Christ : 

«  Je suis le Chemin la Vérité et la Vie » Jn 14/6 

et la réponse des Disciples :

«  A qui irions-nous ? Tu as les Paroles de la vie…» Jn 6/68

En ces temps particuliers, l’homme est invité, par des voies diverses, à redécouvrir la sagesse. Du fait du confinement, il est appelé à maîtriser sa vie, son corps, à entrer en lui-même et à se laisser re-créer dans une intériorité, que chacun, selon son parcours, désigne différemment. Dans la Foi, j’appelle cela MEDITER.

«  Il y eut un soir, Il y eut un matin…» Gn 1

Notre monde est en marche. Il tente de maintenir le cap, au prix de sommes déconcertantes, sans pour autant négliger les conséquences pour les générations futures …

Les masques nous protègent tant bien que mal. Nous vivons aujourd’hui. Mais, que sera demain ? Qui serons-nous demain ? 

Selon notre Foi, l’expérience que nous faisons est surprenante. Accueillir, personnellement ou en famille la Parole de Dieu. Saisir que soudain, la communauté nous manque et en cela, découvrir son importance vitale. Laisser germer en nous ce besoin de nous nourrir communautairement de Ta Parole, Seigneur, de Ton Corps, éprouver cette joie de nous parler à nouveau, d’exprimer nos sentiments, par tous nos sens… 

« De quoi discutez-vous en marchant ? » Lc 24/17

Toi, Christ, Tu fais route avec nous ! Chacun, quelle que soit sa place dans notre monde, ressent l’intime conviction de favoriser la naissance d’un autre monde. 

Le mystère de la Vie ! Malgré toutes les interrogations que nous pouvons poser, la Vie est plus forte que la Mort !

* des enfants naissent ou sont portés dans le sein des mamans;

* de jeunes couples marchent dans la nature et laissent transparaître les battements de leur cœur…

* selon les situations, tout peut être exacerbé, la tolérance difficile, la violence aller jusqu’à des ruptures…

* nos aînés aspirent à pouvoir manifester et recevoir l’amour de leurs proches par les gestes habituels de tendresse… 

Cette période atypique serait-elle une grâce qui appelle l’homme à redécouvrir ses racines … ?

Jean BREGEON

 

Père Jean Bregeon