Homélie messe de clôture de la Fête de Notre-Dame du Chêne

Dimanche 7 septembre 2025

Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Qui comprendre les volontés du Seigneur ?

Ces deux interrogations extraites de la première lecture de ce jour sont peut-être bien les nôtres, après avoir entendu Jésus nous dire : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même, à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. » Qui peut comprendre les volontés du Seigneur lorsqu’il nous demande de le préférer à tout autre chose, et même à notre propre vie ? N’est-ce pas choquant d’entendre Jésus parler ainsi ? Qu’en est-il de son humilité ? En quoi est Il plus important que ces biens qui nous ont façonné, et nous font vivre ?

Pour bien comprendre cette sagesse de Dieu qui, au premier abord peut nous heurter, nous questionner, il faut toujours se redire que, préférer le Christ, c’est s’assurer de pouvoir aimer les autres non pas pour soi-même, mais pour eux-même. Jésus sait que notre amour pour les autres peut vite se transformer en amour pour soi. Jésus sait que nous courons toujours le risque d’aimer les autres, non pas vraiment pour eux-mêmes, mais pour soi, en pensant d’abord à ce que les autres peuvent m’apporter à moi. Jésus sait qu’en aimant les autres, nous risquons de les posséder pour nous-mêmes.

L’amour de Jésus pour tous est, lui, tout entier animé de cette sagesse divine. C’est un amour qui ne possède pas, mais qui m’ouvre à la pleine liberté, à la vie. D’ailleurs, Jésus ne nous oblige pas à être ses disciples. Il dit même que nous devons le choisir, non pas sur un coup de tête, mais après une intense réflexion. S’asseoir et réfléchir. Il invite pour cela oui, à s’asseoir et à bien réfléchir pour prendre conscience de l’essentiel.
Le projet de Jésus n’est pas de recruter des sympathisants d’un jour qui seraient sous l’admiration éphémère de ses paroles, de ses actes, de ses miracles. Jésus appelle d’authentiques disciples qui écoutent sa Parole, la méditent intensément, et la mettent en pratique. Mieux vaut être assis pour entendre cette Parole et discerner comment elle ouvre devant nous un véritable projet de vie, d’avenir.

Suivre le Christ, devenir son disciple, le préférer à toute autre personne, c’est d’abord se reconnaître aimé de Lui, d’un amour qui traverse la mort. Suivre le Christ, c’est renoncer à tout ce qui nous appartient pour recevoir ce qui nous appartient avec un regard renouvelé. C’est l’expérience qu’est invité à faire Philémon ; nous l’avons entendu dans la deuxième lecture. Philémon est un converti. Il est devenu chrétien grâce à l’apôtre saint Paul. Philémon a un esclave, nommé Onésime. Saint Paul demande à Philémon de ne plus considérer Onésime comme son esclave, mais comme son frère. Cela change tout dans la relation. Ainsi éclairé par la sagesse de Dieu, saint Paul encourage une double libération : la libération d’Onésime qui n’est plus regardé comme un esclave, mais comme un frère, mais aussi la libération de Philémon. Ce maître est appelé à renoncer à ce qui lui appartient pour agir en authentique disciple de Jésus.

Préférer le Christ à toute autre personne et à toute chose, et même à sa propre vie, c’est emprunter un véritable chemin de liberté. Si nous pouvons préférer le Christ, c’est que ce dernier ne s’est jamais comporté comme un gourou souhaitant être aimé pour lui-même. Si nous pouvons préférer le Christ, c’est qu’Il nous dit que notre amour pour Lui est un amour qui libère et qui passe par un amour authentique des autres, nos proches en premier. Quand nous aimons les autres pour eux-mêmes, c’est alors que nous préférons le Christ, non pas à eux, mais à nous-mêmes.
Toute la vie de Marie n’est que l’expression de cette préférence pour Jésus. Elle est cette mère qui a renoncé à tout pour être la servante du Seigneur. Elle n’aime pas son fils pour elle-même, mais elle accepte même de le donner pour la multitude. Par l’action du Saint-Esprit, Marie est devenue un modèle parfait de charité fraternelle tout au long de sa vie. Elle a donné sa vie pour son fils, pour chacun de nous. Elle donne de sa vie et de son temps sans rien attendre en retour, si ce n’est la joie de servir Dieu et son prochain. Elle en est comblée de grâces.

Confions à Marie, confions à Notre-Dame du Chêne cette nouvelle année scolaire qui commence pour les élèves et les professeurs. Confions à Marie la reprise d’un grand nombre de nos activités pastorales. Qu’à travers toutes nos activités quotidiennes, nous sachions témoigner de notre amour inconditionnel pour Jésus. Que cet amour passe d’abord par une disponibilité de notre part à la prière, qu’elle soit personnelle, communautaire… S’assoir, se poser et prier pour laisser la Parole de Dieu résonner en nous. La prière nous permet de poser et d’enraciner tous nos projets et toutes nos activités dans la sagesse qui vient d’En Haut afin de ne pas être esclaves de nous-mêmes.

En Christ, nous devenons libres pour aimer en vérité. Amen !

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